
Credits photo : Sined Seven
Notre rencontre avec Navyblu « On va charbonner à la hauteur de nos ambitions »

Navyblu fait partie des talents qui ont fait forte impression lors de la finale de Buzz Booster 2025. Nous avons pu le rencontrer et échanger sur son univers, ses perf de dingue et sa vision.
Tu as grandi dans l’entre-deux de deux mondes : le Cameroun et la France. Comment cette dualité a-t-elle influencé ton évolution musicale jusqu’aujourd’hui ?
Quand on a grandi en France en tant qu’étranger, on nous fait toujours ressentir cette différence d’une manière ou d’une autre. On n’est jamais considéré comme venant pleinement de l’un des pays, c’est comme cela que je ressens cette dualité.
Je dirais que cette dualité m’a donné deux valeurs depuis que je suis très jeune, notamment le recul, donc la distance que je sais prendre sur les choses, sur tout ce qui est bien, sur tout ce qui est mal, sur la perception qu’on a d’absolument de tout. Je dirais également une certaine ouverture d’esprit musicale parce que j’ai grandi avec une mère qui a une grosse culture musicale du Cameroun parce qu’elle y a vécu quasiment toute sa vie. Mais aussi, une grosse culture musicale de la France puisqu’elle y a vécu un bon moment de sa vie, et je pense que je me suis beaucoup nourri de cela.
Personnellement, ça m’a aidé dans ma musique, car j’ai toujours gardé une vue d’ensemble. J’ai toujours gardé l’amour de la musique dans sa globalité, je dirais. Dans le même temps, ça m’a aidé sur le fait que je refuse de m’imposer des codes ou de rester bloqué dans une case. Moi, je produis ce que je suis et ce qui me parle.

« Je produis ce que je suis et ce qui me parle »
Tu as été un gagnant très tôt dans ta carrière avec ta première détection par La Cartonnerie. Comment as-tu su forger ta technique, ton flow et tes textes ?
Personnellement, je viens de l’école du « freestyle ». J’ai grandi dans l’amour du texte et du sens. J’ai grandi à l’époque en écoutant les Grunt, avec toutes ces choses-là. J’ai grandi d’abord en faisant de la musique avec mon entourage, avec mes gars, tous ceux que je fréquentais.
Donc, on arrivait toujours avec un nouveau freestyle, avec une prod, certains était mieux, d’autres moins bien. On se faisait des réponses, on se clashait. Alors, j’ai réellement grandi avec ce registre où on ne fait pas du son juste pour le faire. On fait de la musique pour kicker, pour relâcher des phases… Je pense donc que ça m’a beaucoup nourri, le freestyle. J’ai grandi dans l’amour du texte et du sens, et c’est ça qui m’a permis d’avoir la technique que j’ai aujourd’hui.
« J’ai réellement grandi avec ce registre où on ne fait pas du son juste pour le faire. On fait de la musique pour kicker, pour relâcher des phases… »
Avec le projet “Misanthrope”, tu as décidé d’opter pour une direction artistique radicale. Pourquoi le choix d’une musique sans « aucune concession » ?
Bah tout simplement, parce que pour moi, c’est une musique sincère. Avec “la pression” que ce milieu nous impose quand on fait du rap, quand on fait de la musique, on passe énormément de temps à se demander qui on doit être. Alors qu’en fait, je pense qu’au final, on doit juste être soi-même. Voilà pourquoi j’ai fait le choix d’une musique sans “aucune concession”. Je cherche plus la reconnaissance du travail que la reconnaissance bête et méchante qu’on cherche juste pour exister.
« Pour moi, c’est une musique sincère… je pense qu’au final, on doit juste être soi-même. »

Tu as été bercé par des figures comme Youssoupha et Kery James. Quelle influence ils ont sur ton travail ?
J’ai connu le rap ( et donc des rappeurs) qui défendait des causes. Le rap qui véhiculait des messages. Ou si ce ne sont pas des messages, ce sont alors des émotions. Du coup, c’est un peu cet héritage que j’essaie de faire perdurer. Être une voix de sujet ou de sentiments que la plupart des gens gardent en eux. Moi, c’est comme ça que je perçois la musique et ce que j’ai envie de faire.
« Être une voix de sujet ou de sentiments que la plupart des gens gardent en eux. »

Tu as représenté la région Grand Est à la finale nationale du Buzz Booster. Qu’est-ce que ç’a symbolisé pour toi d’avoir représenté cette région ?
Franchement, ça symbolisait beaucoup. Ça symbolisait énormément de choses puisque c’est la région avec laquelle j’ai fait mes classes dans la musique, qui m’a vu grandir musicalement et qui m’a accompagné dans cette croissance, plus particulièrement La Cartonnerie. C’était primordial pour moi de donner tout le meilleur de moi-même dans cette compétition tout simplement pour leur rendre à tous. Tous les gens avec qui j’ai partagé cette aventure, qui ont participé à ce concours avec moi, j’ai voulu les représenter à la finale. C’était important pour moi de tout donner et de représenter la musique qu’on fait là-bas comme cela se doit parce que cette musique est terrible tout simplement.
« Tous les gens avec qui j’ai partagé cette aventure, qui ont participé à ce concours avec moi, j’ai voulu les représenter à la finale. »
Même si tu ne gagnes pas, tu fais une performance mémorable à la Finale de Buzz Booster à l’Espace Julien de Marseille. Que gardes-tu de cette expérience ?
Je garde énormément d’expériences. Ça m’a beaucoup appris. Beaucoup de perspectives aussi, sans oublier bien entendu, la confirmation qu’on travaille dans la bonne direction en vrai. On a eu de très bons retours. Et c’est gratifiant. Ça prouve qu’on ne travaille pas dans le vide, on est dans la bonne direction. Mais, ça, ce n’est que le début. On compte mettre la barre beaucoup plus haut dans les temps qui viennent.
« Ça prouve qu’on ne travaille pas dans le vide, on est dans la bonne direction. »
De quoi sera faite la suite ?
Je dirai tout simplement que la suite sera faite de sons. De gros lives parce qu’ici, on aime le live. Et c’est aussi pour ça qu’on aime cette musique à ce point-là. Donc, de gros gros lives et de charbons. Charbons, charbons, on va charbonner à la hauteur de nos ambitions, pour aller là où on doit être et là où on a envie d’aller tout simplement.
« On va charbonner à la hauteur de nos ambitions. »
