{Dossier,  La Carte du Rap} : Double casquette, quand les rappeurs français se prêtent au cinéma

{Dossier, La Carte du Rap} : Double casquette, quand les rappeurs français se prêtent au cinéma

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Le cinéma et la musique ont tissé des liens étroits depuis la nuit des temps. À l’instar de leurs homologues américains, les rappeurs français semblent nourrir une affection particulière pour l’industrie du cinéma. Passionnés, opportunistes ou attirés par l’attrait financier du 7e art, ils sont nombreux à se lancer ces dernières années dans une carrière d’acteur. La qualité d’interprétation qu’ils mettent en évidence leur assure justement une place de choix sur les grands écrans. De JoeyStarr à Kery James en passant par la dernière sortie de Kaaris, zoom sur les rappeurs français qui se prêtent au cinéma.

Les Mcs pionniers du cinéma en France

Si aujourd’hui, on retrouve de nombreux rappeurs français sur les grands écrans, c’est en partie grâce aux premiers Mcs qui ont montré le chemin.

JoeyStarr

Leader du groupe mythique du rap français NTM, JoeyStarr est clairement le premier rappeur français à s’impliquer de façon sérieuse dans l’industrie du cinéma. Pour s’imposer dans ce nouveau monde, le MC a dû dédier quelques années à une préparation rigoureuse. Dans sa riche filmographie, il a incarné plusieurs fois (et avec succès) le rôle de flic, notamment, dans Polisse et La Marque des Anges. À travers ses personnages, JoeyStarr a révélé au monde ce côté humanitaire que le rap ne lui a jamais permis d’exprimer avec justesse. C’est incontestablement l’un des « rappeurs » pionniers du cinéma en France.

Kool Shen

Tout comme JoeyStarr, Kool Shen est un membre actif du groupe de rap NTM. Avec seulement quatre albums, les deux rappeurs ont fait de NTM le plus grand groupe de l’histoire du rap français. Après l’aventure musicale, Kool Shen s’est lancé dans la production. Au cinéma, le rappeur fait ressortir son côté « bad boy » en incarnant le rôle de Christophe Rocancourt dans Abus de faiblesse. Il réalise une entrée brillante dans l’industrie cinématographique.

Akhenaton

Figure incontournable de la scène rap, Akhenaton est l’un des artistes pionniers du cinéma en France. Vétéran d’un rap conscient, il est membre influent du groupe IAM et auteur de plusieurs titres à succès. À côté, le Mc s’est lancé dans la production cinématographique. Il est d’ailleurs le seul rappeur français à être passé derrière la caméra. Il se révèle au monde avec le film Comme un aimant. Akhenaton se concentre surtout sur la production des bandes originales de films tels que Taxi ou encore Nid de guêpes.

Les grandes figures du rap français qui ont suivi le mouvement

La double casquette rappeur/acteur portée par les pionniers a inspiré plusieurs rappeurs français. Considérés aujourd’hui comme des figures incontestables du rap français, ils sont nombreux à avoir fait leur apparition au cinéma sur de très gros projets.

Doudou Masta

Doudou Masta est considéré comme l’ancien rappeur français le plus prolifique au cinéma après Joey Starr. Membre actif du groupe Timide et Sans complexe, il est devenu acteur à temps plein. Plébiscité par sa voix énorme, le rappeur de Vitry-sur-Seine multiplie les apparitions dans plusieurs productions comme dans la série de Canal + La commune en 2007. On le retrouve également dans de gros projets notamment dans Case Départ. Doudou Masta a décroché le rôle de doublure vocale de Vin Diesel dans Babylon AD. Il fait également son apparition dans le film Arthur et les Minimoys de Luc Besson. Il fait partie des rappeurs français à avoir connu un parcours plus qu’honorable au cinéma.  

Kery James

Kery James en mode patron sur son nouvel album "J'rap encore"

Figure incontestable du rap français, Kery James rappait depuis l’adolescence. Il s’épanouit parallèlement devant les grands écrans depuis plus de 10 ans. Avec la réalisatrice Leïla Sy, Kery James concrétise son projet Banlieusards. Un film qui sera plus tard financé par Netflix après le refus de plusieurs maisons de production. « Personne ne voulait financer notre scénario, le CNC n’en a pas voulu, on a écrit de nombreuses versions pendant cinq ans », a expliqué Leila Sy lors d’une interview.

Dans son morceau ‘’À qui la faute’’, Kery James se lâche sur le sujet avec des paroles engagées : « Je voulais faire un film, je l’ai fait. Je n’ai pas attendu Canal, je n’ai pas attendu le CNC. » Aidé par son expérience musicale, le rappeur autodidacte réussit à s’imposer dans l’industrie du cinéma en France. Une double carrière qu’il assume avec excellence.

La Fouine

Avec une voix d’exception, La Fouine occupe une place de choix dans le rap français. Excellent dans le hardcore comme dans le mainstream, le rappeur français est l’auteur de l’hymne banlieusard « Hamdoulah, ça va ». À l’image du rappeur américain Snoop, La Fouine fait ses preuves dans l’industrie du cinéma. On le retrouve notamment dans Banlieu 13 Ultimatum. Il fait également son apparition dans Aladin et dans le film A toute épreuve où il campe le Scarface du souriant et familial.

Nekfeu

De son vrai nom Ken Samaras, Nekfeu se fait connaître du grand public à partir de 2007 avec plusieurs groupes de rap notamment S-Crew. Il dévoile son premier album solo en 2015 intitulé « Feu ». Parallèlement, le rappeur français fait ses débuts sur les grands écrans en 2017 dans le film de Thierry Klifa, Tout nous sépare avec Catherine Deneuve et Diane Kruger. Un premier pas d’acteur au cinéma synonyme de réussite pour Nekfeu. Il décroche par la suite l’un des rôles principaux dans L’Échappée, un film de fiction de Mathias Pardo. 

Rohff

Surnommé par son public le « Padre du rap game », Rohff est l’un des pointus de la scène rap française. Avec le rap hardcore, il a su s’imposer dans la musique sans jamais perdre sa street credibility. Régulièrement certifié platine, le rappeur vitriot s’est frayé un chemin dans l’industrie du cinéma. Il joue le rôle de doublure vocale dans le film Arthur et les Minimoys. Rohff fait également son apparition dans le court métrage intitulé La note du crime.

Orelsan  

Avec son ami Gringe, Orelsan débute une collaboration artistique en 2004. Après plusieurs sorties dont une mixtape et un album-concept, les deux artistes se lancent dans le cinéma avec le long métrage Comme c’est loin réalisé par Orelsan lui-même. Un film qui prend la forme d’une comédie musicale pleine d’humour dans laquelle les deux rappeurs se révèlent en comédiens. Les deux compères ont également eu droit à leur propre shortcom sur Canal, Bloqués. Orelsan s’est donc découvert un nouveau talent d’acteur, une double casquette qu’il assume avec maestria.

Hormis les rappeurs précités, on retrouve également d’autres grandes figures du rap français au cinéma. On peut citer entre autres : Stomy Bugsy (Aliker), Disiz La Peste (Dans tes rêves), Fianso (Les Sauvages) et Soprano (Conte de la Frustration).

Actualités : Kaaris et le succès de son dernier film

Le Roi des Ombres du rappeur franco-ivoirien Kaaris se hisse au premier rang sur Netflix ! | Newstories Africa

Le rappeur français qui fait l’actualité du cinéma depuis quelques semaines, c’est Kaaris. Discret musicalement ces derniers temps, le Dozo s’est consacré à un nouveau projet dans sa carrière avec la préparation d’un film baptisé Le Roi des Ombres. Ce long métrage repose sur une idée originale du rappeur lui-même et fait un véritable carton sur Netflix en France et dans le monde. Selon les chiffres de la plateforme de streaming, le film s’impose dans le top 5 des contenus non anglophones les plus visionnés. En France, cette production s’impose en tête du classement des films les plus vus.

Réalisé par Marc Fouchard, le premier long-métrage de Kaaris a déjà dépassé la barre des 6 millions de visionnages sur Netflix (N° 1 dans le monde sur Netflix). Un succès inattendu alors qu’aucune promo n’a été faite pour la sortie du film. De plus, les chiffres constituent un record atteint en l’espace d’une semaine pour le rappeur d’origine ivoirienne qui faisait là son premier long métrage. Des chiffres qui ne feront que monter dans les semaines à venir.

Le Roi des ombres est un thriller et une œuvre cinématographique émouvante bien réussie. Inspiré d’une légende ancestrale, Le Roi des ombres met en exergue un jeune homme du nom de Adama (Alassane Diong) et son demi-frère Ibrahim (Kaaris), figure charismatique de la cité et trafiquant de drogue. Avec le succès remarquable de son film, Kaaris démontre qu’il fait partie du cercle fermé des rappeurs français pluridisciplinaires. Une double casquette de rappeur et acteur que Riska assure avec brio. Ilse projette déjà pour d’autres projets cinématographiques. 

Rap et cinéma : un enjeu financier  

Bien que plusieurs rappeurs s’essaient au cinéma, poussés par la passion, il faut souligner que la plus grande motivation reste l’enjeu financier. En effet, avoir un rappeur au casting représente une opportunité économique pour les productions qui attirent le public de l’artiste dans les salles. Les productions profitent ainsi de la grande popularité des rappeurs français pour faire grimper les chiffres de visionnages sur les plateformes de streaming. En d’autres termes, que ce soit pour la passion ou non, l’enjeu financier est très intéressant pour les rappeurs.

En résumé, le cinéma et le rap entretiennent de bonnes collaborations et de plus en plus de rappeurs suivent le mouvement. Le rap français pourrait voir plusieurs de ses figures emblématiques embrasser une carrière d’acteur à temps plein. Parallèlement, cela laisserait la place à de nouveaux talents de s’éclore dans le rapgame Fr.

 

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Ambro Ola

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