Rencontre avec Tessa Galli « Je suis très heureuse de pouvoir être celle qui partage »

Entre performance habitée et sensibilité électro-pop, Tessa Galli s’est imposée en finaliste du « Duel des Pépites » de Conscienxious. C’est une belle découverte pour la rédac d’une pépite au gros potentiel qui ne manque pas d’éclabousser de son talent lors de l’event Cx Fest du 29 Mars. Rencontre avec cette popstar en devenir.

 

Quelle est l’histoire de la petite « Tessa Galli » avant ses débuts proprement dit en 2022 ?

Quand j’ai eu l’âge de commencer, vers 3-4 ans, je dirais, j’ai commencé par de la danse classique. Ensuite, ça a dérivé vers le hip-hop, puis plutôt la zumba, etc. C’est ça qui m’a déjà beaucoup rapproché de la musique.

Mes parents ont toujours été très ouverts par rapport aux disciplines artistiques. Mon père est aussi guitariste autodidacte, et ma mère prenait des cours de chant lyrique quand elle était enceinte de moi. Donc, en fait, j’ai toujours baigné dedans. Très vite, je me suis intéressée à la musique plus qu’à la danse, et j’ai commencé le piano toute seule, vers mes 10 ans.

C’est vraiment à ce moment-là que tout s’est enchaîné. Mon père a vu que j’étais très assidue dans l’apprentissage du piano, de la théorie, les partitions, tout ça… Du coup, il m’a mis à la production, à la MAO. Et ça, ça a été le gamechanger de ma carrière parce que si mon père n’avait pas fait ça, je pense qu’aujourd’hui, je n’aurais pas eu ce souhait, cette révélation que j’ai eue il y a quelques années : « je vais faire de ça ma vie. »

Aujourd’hui, comment définis-tu ta musique, entre électro-pop et indie ?

Ma musique, je la définirais comme très brute, dans le sens où il ne peut pas y avoir plus honnête que ce que je fais. Et en fait, c’est un peu ma façon d’opérer : il est extrêmement rare que je passe plusieurs jours sur une chanson, juste pour capter l’essence d’une maquette. Vraiment, ça ne m’arrive presque jamais. Beaucoup de mes chansons ont été écrites en vingt minutes, produites en à peu près une heure. Après, c’est l’enregistrement des voix qui prend un peu plus de temps… surtout parce que j’ai souvent la flemme de m’y mettre. Je préfère toujours la phase de production à celle de l’enregistrement, même si je suis toujours contente du résultat au final. Donc oui, c’est très brut de décoffrage. On pourrait croire qu’il y a plein d’artifices, parce que les morceaux sont quand même très produits, surtout vu que c’est un concentré d’électro-pop et d’indie. Mais on reste dans ce côté alternatif, où je ne mâche pas mes mots, où je me permets de dire tout ce que j’ai toujours pensé tout bas. Et c’est ça, en fait, la liberté que je prends dans ma musique. C’est comme ça que je la définirais : brute et libre.

Quelles artistes t’inspirent ?

J’ai été inspirée par Lady Gaga par tous les aspects de qui elle est, en tant qu’artiste et en tant qu’humaine. J’ai grandi avec cette popstar, évidemment, comme avec Rihanna, Shakira, Katy Perry, etc. Ce sont des femmes qui ont vraiment été des exemples pour moi, qui m’ont forgée, rien que dans ma personnalité. Et ça, je leur en serai toujours reconnaissante.

Lady Gaga a vraiment cette honnêteté et cette extravagance que j’adore. Elle met en avant le fait qu’on peut être plusieurs personnes, qu’on peut avoir plusieurs facettes complètement différentes, et je me retrouve énormément là-dedans. Je peux être une personne très calme très calme comme un électron libre qui ne sait plus où se mettre. Elle représente vraiment ça. C’est un peu une sorte de bipolarité artistique que je trouve hyper intéressante. Aussi elle a une technique complètement folle. Elle a travaillé très dur, donc son éthique de travail m’inspire énormément. Je dirais que c’est surtout ça qui m’a inspirée : son éthique, et ses concepts artistiques. C’est le cas en particulier avec Artpop, qui est mon album préféré de tous les temps. C’est un projet qui se base sur des connaissances artistiques, un peu élitistes, mais vraiment intéressantes, le fait de mélanger plusieurs disciplines comme elle le fait… Peu d’artistes le font, et elle le fait d’une manière incroyable. C’est comme ça qu’elle m’inspire.

Au delà de l’expérience de Lady Gaga,  quel est ton moteur créateur ?

Ça va sonner très rock & indie, ce que je vais dire… mais pour moi, tout part de la douleur. Si j’ai commencé la musique, ou même la danse, c’est pour extérioriser quelque chose en moi. Et je souhaite à toutes les personnes qui souffrent d’avoir un moyen d’exprimer cette souffrance. Chez moi, elle passe par la musique. Clairement. Je ne la cherche pas, cette douleur, mais quand elle est là, elle m’inspire beaucoup. Elle peut vraiment faire des merveilles, même si sur le moment, ça fait très mal.

Je parle beaucoup de santé mentale dans mes morceaux. D’ailleurs, je suis en train de travailler sur un EP qui sortira cet été, qui regroupe toutes les introspections que j’ai pu avoir à ce sujet. C’est un point qui est hyper inspirant à mes yeux. Sinon, je dirais que presque tous les grands événements de société m’influencent. Par exemple, j’ai une chanson qui s’appelle « Planète bleue », qui parle à la fois du réchauffement climatique, de la surconsommation, et de la manière dont notre société gère ou déforme nos relations humaines. Je m’interroge aussi beaucoup sur les conséquences de cette consommation capitaliste. Je m’intéresse à pas mal de sujets, et je dirais que c’est le monde en général qui m’inspire.

 

 

Tu proposes un voyage sincère, captivant et immersif à travers des titres comme « Vital », « Celle », « Planète Bleue » ou encore « Already Dead » sorti dernièrement. Peux-tu nous parler du processus de création de ce dernier titre ?

“Already Dead”, je l’ai fait il y a un an, à peu près. J’ai toujours beaucoup de mal vers janvier-février, comme beaucoup de gens je pense, surtout en France, vu qu’il fait super moche à cette période là. Mais je l’ai écrite en hiver, c’était une phase assez douloureuse pour moi à vivre, pour différentes raisons. Je suis une personne qui souffre de phases un peu dépressives, récurrentes. Et encore une fois, j’avais besoin de prendre cette énergie-là et de l’expulser. La douleur, c’est une vraie source d’inspiration pour moi, et c’est elle qui m’a poussée à écrire « Already Dead ». J’étais sur mon piano, en train de chercher des accords et les paroles sont sorties très vite. Je vois toujours rapidement si une chanson a du potentiel ou pas, si elle est exploitable. Et là, tout de suite, j’ai su que j’avais envie de me mettre à la prod. Donc c’est ce que j’ai fait. On parle vraiment de 20 minutes pour créer ce titre. En 10 minutes, j’avais des premières bribes, un début de chanson, et je me suis dit que c’était assez bon. Alors j’enchaîne avec la production, et je termine le titre. C’est presque toujours comme ça que je fonctionne. C’est extrêmement rare que j’écrive d’abord les paroles puis ensuite la musique. Ça peut être d’abord créer la prod puis écrire dessus, mais en général, quand je compose une prod, les paroles me viennent instantanément, ou au moins les 4, 5 premières phrases. Pour « Already Dead », c’était exactement ça.

Tes titres sont portés par des productions de haut niveau, particulièrement « Planète bleue » que nous apprécions particulièrement. Qu’est-ce qui est la clé de ces productions captivantes ?

Je pense que la clé principale, c’est la créativité.

Mon meilleur pote, Théo Giann, coproduit avec moi. Moi je fais mes maquettes et ensuite il arrive pour peaufiner tout ça. Parfois, il travaille beaucoup sur les prods, parfois un peu moins, ça dépend du niveau de production que j’ai déjà atteint sur le morceau. Ça varie en fait, selon mon “seuil de créativité”, on va dire. Ça varie d’un morceau à l’autre. Il m’aide énormément. Sur « Planète Bleue », par exemple, il m’a particulièrement aidé. C’est lui qui a ramené ce côté très “scindé” qu’on entend dans la structure du morceau, et c’est vraiment ce qui apporte tout le charme à la chanson. On peut le remercier pour ça ! Parce qu’à la base, c’était juste le synthé un peu en boucle, avec des loops et des percussions un peu latines, j’aime beaucoup ça, puis les synthés ambiants aussi. Ce mélange-là, c’est un peu ma marque de fabrique : des drums assez saccadés, dansants, mais toujours accompagnés de synthés ou de progressions, d’accords très ambiants, un peu nostalgiques. Donc voilà, avec Théo, on a vraiment trouvé ce bon équilibre sur « Planète Bleue ». Et en général, c’est comme ça qu’on procède sur toutes mes chansons.

 

 

Quel message as-tu envie de transmettre à travers ta musique ?

Le message que j’ai envie de transmettre est assez compliqué à définir… parce que j’ai toujours été une personne plus émotive que rationnelle. Et du coup, ce que je veux partager, ce sont des émotions, qui sont des choses un peu moins palpables. Quelque chose d’indescriptible, mais qui nous rapproche. Que ce soit la personne qui écoute, ou moi qui écris, ou qui chante sur scène : le but, c’est vraiment ça, créer un lien. Se sentir moins seul, juste en écoutant deux minutes d’un partage. Je suis très heureuse de pouvoir être celle qui partage… mais je suis infiniment plus heureuse, d’être aussi celle qui reçoit. Que ce soit par l’énergie des gens en concert, qui est juste incroyable, ou par les messages positifs, les remerciements, ou quand on me parle d’une expérience personnelle et de comment une de mes chansons a résonné en eux… Ça, je n’ai même pas les mots pour décrire ce que ça me fait. Je suis hyper grateful, comme on dit, pour tout ça. Alors si je devais résumer le message que je veux faire passer à travers ma musique, ce serait : « Tu n’es pas seul. Je suis avec toi. On avance ensemble. » Et grâce à cette musique, on réussi à se connecter. Et pour moi, c’est ça le plus important.

 

De quoi la suite sera-t-elle faite ?

La suite… j’espère infiniment qu’elle sera faite de grandes choses. Je me le souhaite, mais surtout, j’y travaille. J’essaie de peaufiner toutes mes prods, toutes mes chansons, de les développer… de ne pas stagner, et de toujours grandir là-dedans.

Je ne veux pas rester indéfiniment à un endroit, on va dire. Ni dans une position de carrière, ni dans une zone de confort artistique. Je pense que je m’ennuierais. Et puis, au bout d’un moment, ce ne serait plus sincère… Si je faisais toujours les mêmes titres juste parce qu’ils ont marché, ce ne serait plus vraiment moi. Donc je suis toujours en quête de renouveau, de construction, d’évolution.

Cet été, il y a un EP qui arrive. Je n’ai pas encore la date exacte, mais on vise août. Il sera composé de six titres, tous nouveaux, très rafraîchissants et très touchants. Je n’en dis pas plus, mais j’en suis très fière. Et avec Théo, on est en train de finaliser tout ça. Et puis sur le long terme… je vise l’Olympia. À court terme, La Boule Noire. On va commencer de manière réaliste, mais oui, un jour, le Zénith, Bercy… toutes ces scènes qui représentent un certain palier, une certaine étape dans le parcours d’un/e artiste. J’ai vraiment hâte de vivre tout ça.

 

Joris

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