Jok’air nous a parlé de son album Jok’Chirac, » Tout ce que j’essaye de faire c’est d’être différent et sincère «
A l’heure où la France se confinait, Jok’air avait déjà jetté les cartes de la sortie de « Jok’Chirac », son nouvel album,. Le rappeur d’origine ivoirienne livre un 18 titres pour sa troisième galette après Jok’Rambo et Jok’Travolta. L’équipe de Conscienxious a écouté quelques titres de ce projet, l’idée est claire, le rappeur parisien revient battre campagne avec le slogan, « Dorénavant streamez pour moi ». On le rencontre, interview fluide et sincère, échange sur l’essence de chacun de ses titres.
« Mon album est sorti pendant le Covid, j’espère qu’il a accompagné les gens. Bon, ça a été un mauvais moment à passer, ça a été pareil pour tout le monde, en dehors de la musique ». Le rappeur aborde plutôt la question de la malheureuse sortie de l’album pendant le confinement avec philosophie. La stratégie de communication de sortie était plutôt bien élaborée, dans le mois de mars on pouvait déjà découvrir des affiches de Jok’air dans le métro parisien. Sur ces visuels, il sautait par-dessus les portiques du métro, concept très bien pensé pour faire penser à cette photo mémorable où Jacques Chirac adoptait la même position. C’était plutôt réussi, mais quand la réalité du covid-19 est là, Jok’air garde la tête sur les épaules : « Ca a impacté tous le monde, ça m’a impacté, moi particulièrement parce que mon album il est sorti la première semaine du truc hors qu’on avait une stratégie de communication qui fonctionnait bien. T’est triste les premiers jours mais quand tu vois tout ce qui se passe autour de toi, tu te dis vas-y Oklm ! » .
« Je suis un mec positif, j’éloigne toutes sortes de négativité »
« J’aime bien commencer mes albums avec des messages de positivité et d’espoir ». En faisant référence à des titres qui nous ont le plus séduit sur l’album comme « Crois en toi » ou « On ose », Jok’air partage ces valeurs qui lui sont propres, c’est un homme positif qui prône la positivité dans son travail et autour de lui. « Je suis un mec qui fonctionne vraiment avec les croyances, et je pense qu’avec le fait de croire tu y arrives toujours. J’aime la positivité, je suis un mec positif, j’éloigne toutes sortes de négativité, j’ai assez souffert dans ma vie pour être négatif, j’aime la couleur [ Rires]. On connaît Jok’air pour cette facette très ouverte mais surtout pour une sincérité qu’on ressent dans ses textes et qui contribuent sans aucun doute à créer une connexion avec son public. On le retrouve dans cette sincérité sur le morceau « Cauchemar », on accroche directe ! Sur une mélodie entraînante, il pousse la chansonnette à base de textes qui semblent scénariser sa réalité quotidienne. « « Cauchemar » c’est un morceau dans lequel je me livre vraiment et j’aime me livrer pas mal dans mes sons, je n’ai pas de difficultés par rapport à ça. Et j’aime ces sonorités, j’essaie d’apporter un truc qui se fait pas dans le rap français. Mettre des lyrics caillra sur ce genre de sons j’adore ! ». Toutefois pour le choix du clip qui va porter le projet, le rappeur parisien opte pour le titre « Ne pleure pas ». Dans ce clip vidéo, Jok’air est carrément dans son élément : histoires de cœur, airs mélancoliques, langage caillra.
Sur « Jok’Chirac », le rappeur prend son aise plutôt sur des titres long format comme « Regarde Au final », « Jour de paye » ou « Loyal ». « J’aime me faire plaisir en chanson, à la base ce que je fais en chanson, c’est d’essayer de faire ce que j’aimerais entendre. Sur des longs formats comme ça j’aime vraiment me faire plaisir, chanter en voix tête, voix pleine, faire quatre mesures rappées, revenir en chantant, etc ». Pour Jok’air, faire de la musique c’est d’abords la vivre et prendre du plaisir, il ne se pose pas de limites artistiquement parlant. Si il faut faire des titres de 5 minutes ou des morceaux complètement chantés, il est plutôt clair là-dessus. « C’est un style que j’essaie d’imposer, c’est un style assez particulier, et venant de moi, aujourd’hui j’ai pas vraiment de nom à mon style musical, tout ce que j’essaie de faire c’est d’être différent et sincère ». De la même manière, quand il s’agit de choisir les featurings sur son projet, il y va plutôt au feeling, on compte quand même 8 artistes invités sur le projet ! « Comment les différentes collaborations naissent sur mes projets ? D’abord dans chacun de mes projets, il y a les artistes avec qui je roule comme Chich et le R.O.C Gang. C’est des gens dont moi j’estime qu’ils doivent être sur mes projets parce qu’on vit cette aventure tous ensemble, on est toujours ensemble en tournée, on a grandi ensemble en tournée, on a grandi ensemble dans la même cité etc. Sur « Sa maire aux mères », j’ai eu la chance d’avoir Luv Resval, Didi Trix, Alkpote et Sadek. Moi, étant un grand fan de rap américain, j’ai grandi en écoutant des sons sur lesquels il y avait un grand nombre de rappeurs et chacun venait plier avec son couplet et ça donnait des bangers qui se transformaient en tubes. C’est ce que j’ai voulu apporter avec ce morceau, ce genre partage ». Un point sur lequel on a été plutôt admiratif, le rappeur va loin dans ses choix de collaboration, il donne sa chance à tous. Pour preuve deux invités sur cet album ont été sélectionné via un concours qu’il a lancé sur réseaux sociaux. « Par rapport à Arma Jackson et Celyane, c’est deux personnes qui ont participé à un jeu-concours sur mon instagram où je faisais gagner un featuring sur mon album. Il y a eu plus de 500 participants, Arma a gagné chez les mecs et Celyane chez les filles. Et à vrai dire quand je vois leurs performances, je me dis que j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec ces artistes à leurs débuts de carrière parce que vraiment je crois en eux, je leur souhaite tous le meilleur et je pense qu’un jour les gens se rendront compte de leurs talents », ajoute-t-il en toute humilité.
« Tout ce que j’essaie de faire c’est d’être différent et sincère »
A l’issu de l’écoute de l’album de Jok’air, nous nous posons encore la question si nous sommes face à un rappeur ou à un chanteur, sur les titres « Nuit et jour » ou « Prends moi cadeau », il lâché plutôt du lourd sur le plan vocal. « C’est le plu grand dilemme de ma vie, est-ce que je dois chanter, est-ce que je dois rapper ? C’est ce qui me fait pousser les cheveux blancs et comment je me définis aujourd’hui, un chanteur ou un rappeur ? Je me définirais comme les deux, j’aime trop le rap ». Quand on évoque la question de son rapport avec le rap français au niveau du style en fin d’interview, il se positionne plus comme un rappeur ouvert qui prend assez de risques artistiques. « Je sus pas le genre de mec qui demain va faire des morceaux comme « Cauchemar » ou « On ose » et qui va se prétendre au-dessus des rappeurs, pour moi c’est la continuité du rap. Le rap c’est riche, il se nourrit de tous les courants musicaux qui l’avoisinent, et y’a pas plus rap que ce que je fais, je m’inspire de tous. S’il faut conclure sur la forme du projet, c’est un album qui a vu l’artiste aller à un autre niveau, quand il entre en studio, il travaille pour que sa musique touche son public. « J’essaie de faire l’album le plus écoutable possible. J’essaie à chaque fois de faire le meilleur album que tu entendras. Quand je dis le meilleur album c’est en termes de sonorités, de prise de risques, etc, c’est ce que j’aime c’est ce qui m’ excites le plus, et je sais que j’ai encore à progresser dedans et je bosse pour ça » .